CHANVRE
LE CHANVRE :
La plante : Plante originaire d'Asie centrale. C'est une plante annuelle de la famille des cannabinacées (urticales), à graines oléagineuses et à fibres corticales; utilisée depuis plus de 6000 ans. L'espèce Cannabis Sativa rassemble plusieurs variétés, dont des variétés "fibres", non psychotropes. C'est l'une de ces variétés, "Monoïque" qui fût longtemps utilisée sur la commune de Bréhémont.
Son utilisation : Les fibres sont utilisées pour fabriquer du textile et du papier, la partie ligneuse (chènevotte) est utilisée pour les panneaux de particules, les litières animales et l'isolation dans la construction. Les graines (chennevis) sont utlisées pour la fabrication d'huile siccative, de nourriture pour les oiseaux et la pêche. Si la commune de Bréhémont fût renommée pour cette culture, c'est que la fertilité du sol permettait un rendement élévé et une récolte de bonne qualité. Aussi, le savoir-faire des habitants permettait d'obtenir une filasse de qualité.
PREPARATION DU SOL :
Le bêchage : Si les Brémoniers n'utilisaient pas la charrue, c'est que les parcelles de terrain étaient trop petites et que les chemins trop étroits. Aussi, l'utilisation du cheval et de la charrue diminue la surface cultivable sur une parcelle et tasse la terre. L'utilisation du cheval et de la charrue apparaîtra lors de l'exode rurale (augmentation de surface des parcelles). Le bêchage commence en hiver, il faut 70 jours à un homme, pour préparer 1 arpent de terre (6666m²).
Le ratelage : 2 passages de herses ou de rateaux préparent la terre avant les semailles.
L'assolement : C'est un procédé de culture par succession et alternance sur un même terrain pour conserver la fertilité du sol. Sur la commune de Bréhémont, l'assolement biennal est pratiqué, mais beaucoup de cultivateur sèment du chennevis plusieurs années de suite.
LES SEMAILLES :
La période : Les semailles débutent vers la fin d'avril, la température de la terre doit-être idéale (16°C) et l'humidité suffisante. Si ces conditions ne sont pas regroupées, le chanvre pousse lentement. Si les terres sont innondées, les semailles peuvent se faire au plus tard le 14 juillet. Même si la marge d'avril à juillet est importante, aucun cultivateur n'a essayé de faire 2 récoltes par ans.
Les différents modes : 2 modes de semailles : en ligne ou à la volée. Pour les semailles en ligne, le chennevis est assuré de lever. Le cultivateur prépare des planches séparées par une "rote", ce qui permet de circuler dans le champs pour l'efumelage. Le chennevis est recouvert de 7 fois son volume de terre. Pour les semailles à la volée, la quantité de chennevis utilisée est moindre, car les chances de lever sont plus faible que les semailles en ligne. Aussi les conditions climatiques doivent-être idéale.
LA CROISSANCE :
La durée : Le chanvre peut lever entre 3 et 12 jours, suivant les conditions climatiques. Avec des jours chauds et humides le chanvre pousse plus rapidement.
L'importance du climat : Pour obtenir de bonnes récoltes, le climat doit-être chaud et humide. Si ces conditions sont réunies, le chennevis lévent vite et les feuilles de la plante grossissent rapidement. Ce qui ne laissent pas le temps aux oiseaux de manger les semailles et les jeunes pousses. Aussi le chanvre pousse en abondance et est de bonne qualité, ce qui joue beaucoup sur le prix de vente.
LA RECOLTE :
La période : Si les semailles sont faites début mai, le chanvre est récolté en septembre, la récolte se fait sur un mois et demi, car les semailles sont échelonnées.
L'efumelage : Consiste à séparer la récolte en deux. Une premiére récolte en arrachant les brins mâles et une seconde en arrachant les brins femelles, qui viennent à maturités plus tard que les brins mâles.
L'arrachage et le fauchage : Jusqu'en 1939, le chanvre est arraché à la main. C'est un travail pénible qui abime les mains des cultivateurs. Pour se protéger les mains, certains cultivateurs utilisent de vieux chiffons. Si le temps est sec, il faut 2 personnes pour arracher les brins de chanvre. Aprés 1939, la main d'oeuvre étant moins importante, les premières machines à faucher font leur apparition. Cette méthode fait gagner beaucoup de temps aux cultivateurs, mais l'éfumelage n'est plus possible.
LE CHENNEVIS :
L'érussage : Consiste à séparer l'extrémité de la plante du pied de celle-ci. Cette extrémité est appelée "mouche", qui contient les graines de chennevis. Pour érusser, l'agriculteur lance une poignée de chanvre sur un peigne et arrache la "mouche" en tirant vers lui. Ensuite tout ce qui est tombé (le grabotte) est gardé 2 jours.
Le batage : Le grabotte est remué avec une fourche en bois (pelle à grabotte) et est battu en plein air. Le vent emporte les déchets pour ne laisser que le chennevis.
LE ROUISSAGE :
Qu'est-ce? : Le but du rouissage est la fermentation de la plante pour séparer, par décomposition, les matières qui collent les fibres entre elles et qui les tiennent à la partie centrale de la plante. Cette opération débute généralement en septembre. Il faut 6 à 12 jours pour rouir le chanvre. Pour que cette opération soit bien faite, il faut une eau calme et courante, dans laquelle on immerge le chanvre. Cette opération pourrie l'eau et le poisson, c'est pourquoi les rouissoirs ont été réglementés. Le rouissage est terminé lorsque les fibres de la plante se détachent d'un bout à l'autre.
Les lieux : Le cher devenu le vieux n'est plus utilisé, car son lit est envasé. L'indre est utilisé pour rouir. Les rouissons sont des bras naturels de l'Indre utilisé a cet effet, parfois transformés en routoirs, c'est à dire avec des vannes. Les rouissoirs sont des zones creusées et aménagées pour rouir le chanvre.
La maniére d'immerger le chanvre : Il y a autant de façon d'immergé le chanvre qu'il y a de familles, mais on distingue 3 zones geographiques : Rupuanne, La rue Moreau et Bray. Le principe est d'assembler les fagots de chanvre en une sorte de radeau, ensuite de grosses pierres étaient placées sur celui-ci pour qu'il s'enfonce dans l'eau. Ces assemblages étaient surveillés car ils pouvaient se déplacer ou se retourner.
Le dégoutage et le séchage : Sorti de l'eau les fagots de chanvre sont placés verticalement en forme de hutte, le chanvre dégoutte pendant 1 journée. Ensuite, il est couché au sol pour qu'il séche, il est retourné à l'aide de grande perche. Si le chanvre n'a pas été maltraité, il donnera de la filasse blanche, sinon il noircira rapidement.
PREPARATION DE LA FILASSE :
Le chauffage : Le chanvre est chauffé à 60-70°C pendant 15 à 16 heures dans des fours à chanvre. On distingue 3 générations de fours, les fours de seconde génération sont composés d'une partie inférieure, semi enterrée, qui contient une marmite dans laquelle brule du coke et un couvercle qui permet de répartir la chaleur. La partie supérieure est séparée de la partie inférieure, par des lattes espacées, ce qui permet de laisser passer la chaleur. C'est dans la partie supérieure que les bottes de chanvre sont déposées
Le brayage, le broyage : Le brayage consiste à casser le bois contenu dans le chanvre, pour cette opération l'épureur utilise une braie. Une braie se compose d'une poutre evidée de 3 fentes dans lesquelles pénètrent des lames en bois. Pendant qu'une personne fait avancer les brins de chanvre, une autre personne baisse le bras pour les écrasser sur toute leur longueur. Le broyage à la même finalité que le brayage, mais utilise des machines mécaniques. Elles apparaissent vers 1870 et sont entrainées par des chevaux. Les broyeurs sont constitués de 3 séries de 2 rouleaux qui tournent à la même vitesse. Les brins de chanvres passent entre les rouleaux et sont broyés. Les "copeaux" de bois sont ici appelés "éguertes".
Le teillage, le lissage : L'opération du teillage consiste à enlever manuellement les "éguertes" accrochées à la filasse. Pour cela, la filasse est secouée fortement pour faire tomber le maximum d'éguertes, ensuite le nettoyage se fait brins par brins. Le lissage est la même opération que le teillage, mais en utilisant une machine mécanique. Le lisseur à claire-voie est constitué d'un tambour métallique tronconique, qui à sa surface contient 10 battes. Lors de son utilisation le tambour tour trés rapidement, le cultivateur introduit la filasse du coté où le diamétre du tambour est large et la fait glisser vers les battes rapprochées (diamétre moins important). Les battes nettoient trés rapidement la filasse qui ensuite passe au peignage et son emballer...
SOURCES :
Le Chanvre en l'Isle de Bréhémont, une publication des Amoureux du Vieux Langeais (1998).
Remerciements aux habitants de Bréhémont et à l'association "les Rouissons d'Bréhémont" qui, le temps d'une journée, expliquent le travail d'antant (Fête des Chanvriers).
Merci à Grand-mére, Germaine et Paulette, qui sont toujours prêtes a répondre à nos questions.
